Eléments Biographiques

Né à Sidi-Kacem au Maroc, imprégné très tôt par la littérature, particulièrement la poésie arabe et européenne, Youssef Rabbaoui découvre très jeune Khalil Gibran, la littérature épistolaire, les romantiques allemands, la poésie surréaliste, l’engagement politique de Paul Eluard et d’André Breton, la poésie mystique de William Blake, les aphorismes de Nietzsche. ..


Une rencontre cruciale avec l’œuvre de Herbert Marcuse et la culture des années soixante-dix allait changer radicalement sa vision des choses : la réflexion sur l’espace de la marginalité dans la société - au sens générique du terme - devient centrale.
Après le Bac, il commença des études de sociologie et de philosophie à l’Université de Nancy II et puis tout naturellement s’insère dans la culture protestataire : le mouvement féministe, Andreas-lou-Salomé, Angela Davis, le mouvement situationniste…et autres référents de la contre-culture.


Après une Licence à l'Université Nancy II et ensuite une maîtrise de sociologie à l'Université d'Aix-en Provence, il entama un D.E.A en ethnologie à l‘ E.H.E.S.S à Paris sous la direction d'Emmanuel Terray et Marc Auge.


Au hasard des circonstances, il occupais un poste en qualité d'enseignant dans des établissements d'enseignements secondaires et techniques en Seine Saint Denis d'où il découvrait ce que un peu plus tard on appelait « le malaise des banlieux », drame humain et sociale de cette franche de population qui nourrit le sentiment d'être des citoyens de seconde classe.


Il tenta une expérience inédite, à savoir les élèves comme sujet de l’enseignement, - c'est à dire que l'enseignement est fondamentalement basé sur le développement de l'expression de soi-même; les élèves étaient invités à faire de exposés sur des thèmes librement choisis et en débattre entre eux. Le, résultat était plus que probant, les langues se déliaient, ainsi se pointillait la confiance de soi et la conscience de soi!


Fort de cette expérience, Youssef Rabbaoui transposait cette méthode dans le travail filmique avec des jeunes à Berlin. Il s’agissait non pas de faire un film sur les jeunes mais plutôt avec les jeunes, il s’agissait de libérer la parole, dès lors le camera et le metteur en scène se trouvent intégrés, deviennent partie intégrante du processus. Les jeunes, ainsi devenus protagonistes construisaient à travers le brainstorming un récit commun imaginaire ou réel, tirés de la biographie de chacun, qui deviendrait alors le scénario du film. Outre le fait fondamental de raconter leur histoire, de sorte que chacun s’y identifiait de façon métonymique  - aussi bien chacun que tous - trouvait son compte dans ce récit identificatoire et identificateur. Les jeunes (ré) apprenaient à travailler ensemble en groupe. Et ce faisant, ils « respectaient »l’engagement tacite de travailler en commun. Le temps passé ensemble est un bien commun qu’il faut  préserver. Ceci est un fait majeur pour le levier de l’intégration sociale. Ce travail pédagogique est une thérapie sociale active dans la mesure ou cet action globale présente des modalités de jeux de rôle, tente de restaurer et de restituer les constituantes de la subjectivité à savoir la conscience de soi et de l’Autre et par la même, la confiance, et le sens de la responsabilité. Tel était la conception du travail filmique par Youssef Rabbaoui, car le film peut être un outil pédagogique, à l’âge du numérique, du consumérique, de la globalisation et du brouillage des repères.


Il en sortit un film de 15mn * HOMEZONE*, qui a eu un effet réel et concret pour le levier de la réhabilitation sociale de ces jeunes qui souhaitent désormais de reconduire cette expérience. Certains mêmes ont trouvés un travail ou un logement en conséquence, si ce n’est pas les deux.

 

Ce film continuait de susciter un intérêt croissant dans des festivals internationaux de film  (Saint Louis USA) Berlin, Krakow, New York  et d’autres.

 

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Actuellement, trois projets de films sont en montage :

  • avec les élèves de l’école Mendelssohn à Alt-Moabit, (l’école et le quartier sont réputés comme difficiles)
  • avec des jeunes  déboutés de l’école et sans formation professionnelle ou autre et livrés à eux même en formant des bandes (gangs) qui se livraient à la délinquance à Wedding.